Dans des essais précédents et dans mon livre Freud à Jérusalem : La psychanalyse face au sionisme (Antilope, 2017), j’ai recherché les conditions mentales et historiques dans lesquelles la pratique de la psychanalyse est devenue possible en Israël dans la première moitié du xxe siècle. Je soutiens qu’au-delà de la catastrophe européenne qui a conduit à la migration d’analystes germanophones, dirigée par Max Eitingon le « helmsman » de Freud vers la Palestine juive, un ensemble particulier de besoins, d’espoirs et d’anxiétés contribua à l’épanouissement de la psychanalyse freudienne dans ce pays. Cet article a pour objet de dégager et de mettre en lumière certains de ces facteurs.
Depuis les débuts de la psychanalyse, les psychanalystes se montrent peu enclins à l’associer à quelque vision du monde particulière (Weltanschauung). Il n’est cependant guère possible de comprendre la dissémination de la psychanalyse et son développement dans divers pays tout au long du XX e siècle sans prendre en compte les conflits intellectuels, culturels et politiques inhérents aux « climats d’opinion » au sein desquels elle prit racine. L’histoire de la psychanalyse offre ainsi une multitude d’exemples de la relation entre des tensions ethniques, socio-politiques et culturelles et l’émergence de subcultures analytiques particulières. Cela inclut, par exemple, l’influence du communisme sur les interprétations du complexe d’Œdipe en Russie soviétique, l’influence du pragmatisme sur la psychologie du moi dans l’Amérique d’après la Seconde Guerre mondiale, ou le rôle joué par l’antiaméricanisme dans le développement de la psychanalyse française, lacanienne en particulier.
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